Pasta Times 7

Retour des Pasta Times !



Aujourd’hui, pour mon retour en tant que chroniqueur, une simple rétro inspection d’un gars qui aura eu plus d’une fois l’opportunité d’accéder au main-event à la WWE mais qui n’y sera jamais parvenu au final. Cet homme, c’est Shelton Benjamin.

Oui, j’aime créer la controverse. J’écris ça car Shelton Benjamin est probablement un des catcheurs les plus adulés et protégés sur le net.

Shelton Benjamin…who is it ? C’est un black –il paraît que c’est un critère de son non-succès, dixit le principal intéressé- qui était à la base lutteur –un petit plus non négligeable- avec un gabarit assez favorable pour une fédération telle que la WWE. En effet, le gars mesure 1 m 88 pour 113 kg. Il a une certaine gueule, il faut l’admettre. Bref, pour le physique, monsieur Benjamin est parfaitement apte pour pouvoir entrer dans les consorts de la fédération de Stramford.

Sur le ring…Tiens, c’est là que ça coince. Le fait qu’il ait changé plusieurs fois de finisher (Dragon Whip, T-Bone Suplex et enfin le Paydirt) durant son run à la WWE n’est clairement pas un avantage. Après, le pourquoi du comment sur ses changements incessants… N’essayons pas de chercher mille et une hypothèses concernant cela, il y a grand risque qu’on ne trouve pas au final. A côté de ça… Ok, t’as les German Suplex, les Suplex, les Back Suplex et tout plein d’autres prises trop techniques. Mais son move-set n’avait rien de marquant en soi. Ah si, t’as la Flying Clotlesline. Merci Shawn de m’avoir fait remémoré ce lointain souvenir provenant des abysses de ma mémoire... Bref, tout ça pour dire que le gars n’avait pas standardisé son move-set façon WWE.

Car oui, il ne faut pas se leurrer : un superbe 450 Splash sorti de nulle part durant un match n’aura jamais le même impact que la Spinout Powerbomb de Cena (bon sang, il faudrait vraiment que je la copyright cette phrase). Avoir un super move-set et pouvoir s’adapter face à n’importe qui, ce n’est clairement pas un point faible, c’est même un atout. Mais si tu ne parviens pas à mettre en avant certaines prises qui pourraient créer une émotion chez le spectateur, bah, forcément, tes matchs ne ressembleront à rien, ne créeront rien de réellement sensationnel. Ce sera peut-être un match cool avec des moves impressionnants, mais jamais il n’y aura cette fameuse étincelle. Il faut savoir standardiser son move-set, chose que n’a pas fait Shelton Benjamin. Et ne venez pas dire que c’est de la faute des booker. Pour un match de weekly, t’as les points importants du match et les lutteurs se débrouillent le cul pour pouvoir créer quelque chose autour de ces spots. Et même en PPV, les consignes ne sont pas aussi strictes qu’on pourrait le croire si tu es un bon worker.

Je pourrais également parler de son côté « spotfest », mais c’est l’argument classique pour montrer que Shelton Benjamin n’avait pas les capacités nécessaires pour pouvoir percer dans le main-event de la WWE (car percer tout court, il l’a fait). Pour remarquer ce côté spoteux sur les bords, je vous conseille fortement de regarder son Ladder Match face à Christian à TLC 2009. Un bon moyen de voir que si t’as aucune construction autour des spots, ça donne un match qui ne restera pas dans les annales.

Aussi, il y a le coup classique du « il n’a pas de talent au micro ». Et c’est vrai. Et tout le monde sait que si tu ne sais pas t’exprimer d’une manière classe à la WWE –à quelques exceptions près- tu ne peux pas réaliser grand-chose. Et pourtant, le gars a quand même eu quatre titres intermédiaires à la WWE et avec des règnes plus que solides qui plus est. Ca, c’est ce que j’appelle percer, personnellement.

Maintenant, petit tour d’horizon concernant sa carrière.

Il forme une équipe avec son vieux pote Charlie Haas, nommée Team Angle. En gros, ce sont les larbins de Kurt Angle, le champion de la WWE à ce moment-là. Il y a pire comme début. Ils commencent fin 2002, début 2003. Ils volent les titres par équipe des Los Guerrero le 4 février 2003 pour les perdre le 18 mais 2003. Un règne de plus de cent jours, c’est pas mal. A ce moment-là, l’équipe commence petit à petit à s’éloigner de Kurt Angle pour former une vraie équipe et pas un duo de larbins. Pour l’occasion, ils se renomment World Greatest Tag Team (WGTT). Ils redeviennent rapidement champions –un mois plus tard quasi- pour un nouveau règne, qui dure deux petits mois. Ils continuent ensuite la course aux titres, sans jamais pour autant les récupérer. L’année 2003 se termine pour faire place à l’année 2004…qui fut sans conteste la meilleure de Shelton Benjamin.

Shelty et Charly restent le temps de quelques mois dans la division tag. Enfin, seulement Shelton Benjamin, en fait. Car il se fait drafté à RAW, tandis que son pote Haas a la chance de rester dans la brand bleue pour former diverses équipes, dont une avec Rico Constantino. Comme quoi, il y a pire que Shelton Benjamin…qui va faire une entrée phénoménale dans le A-Show de la WWE !

En effet, premier match, première victoire. Et pas face à n’importe qui…Triple H ! Carrément ! Bon, certes, ce n’est pas une victoire totalement clean –et encore, Flair intervient et Benoit le fait fuir, ce qui distrait le gendre, dans mes souvenirs- mais quand même : le petit nouveau vient de battre le World Heavyweight Champion ! C’est un sacré exploit ! Il s’installe très rapidement comme un Top Face de la brand rouge, aux côtés de Chris Benoit, Shawn Michaels et Edge. Et la semaine qui suit, rebelote : il rebat le champion ! Le mec lutte alors face à la terrible faction heel menée par Triple H, Evolution. Et du jour au lendemain, Shelton côtoie Chris Benoit, Mick Foley et Shawn Michaels dans le main-event. Pour la petite histoire, Triple H ne viendra à bout de Shelton Benjamin qu’en fin d’année. Ils auront encore quelques matchs entre eux, soit gagné par Shelton, soit finissant par Draw. Bref, Shelton Benjamin bat plus d’une fois un 13-Time World Champion, c’est quand même superbe pour un « newbie », je trouve.

Il entre rapidement en feud avec Randy Orton pour le titre Intercontinental. Il le bat même clean lors d’un RAW, mais perd au PPV par contre (thanks Nature Boy). Ensuite, le phénomène se calme un petit peu, n’ayant pas réellement de plan. Ca ne l’empêche pas de gagner en octobre son premier titre solo face à Chris Jericho. Il choppe ainsi son premier titre Intercontinental…et le garde pendant plus de deux cent jours. Entre-temps, il feud avec des gars comme Christian, Chris Jericho ou encore Snitsky –qui était sacrément over à l’époque. Bref, il a eu une année 2004 bien chargée et celle qui suit s’annonce très bonne aussi.

Notamment avec sa magnifique prestation au premier Money In The Bank –qui lui vaudra la "chance" d’être catalogué spoteux sans jamais pouvoir toucher la mallette au final- et cette image que tout le monde a vu au moins une fois : Shawn Michaels qui décapite le champion Intercontinental d’un Sweet Chin Music dévastateur. Bref, le nom de Shelton Benjamin est sur toutes les lèvres et on le voit aller très loin dans la fédération de Stramford.

Mais un certain Carlito, cracheur de pomme, vient arrêter cette douce idylle en lui capturant son titre lors d’une édition de RAW. Une feud démarre entre les deux hommes, avec des victoires à chaque fois pas très nettes du porto ricain, ce qui amène à quelques rematch. Fait bizarre, la feud a l’air de se terminer avec un match gagné par Shelton Benjamin via disqualification. Puis, plouf, on en entend plus parler. Assez étrange, je l’admets. Sa deuxième partie de l’année est alors un peu plus creuse : il sert de pâtée à canon pour Snitsky ou encore Chris Masters. Pourquoi ? Bah, Shelton Benjamin est très over et a clairement un physique moins avantageux que les deux bonhommes cités précédemment, qui sont plus dans les standards de la WWE et en qui les dirigeants font confiance. Ca ne l’empêche pas de rester un midcarder très solide. A noté aussi une feud avec Kerwin White où il finit vainqueur.

Mais 2006 s’annonce assez prometteur malgré tout. Benjamin continue son petit bonhomme de chemin et retrouve le goût de la victoire, grâce à la tristement célèbre story de la Mama. En effet, la mère du petit Shelty B décide d’encourager son jeune fiston pour qu’il savoure à nouveau le plaisir de gagner. Et en effet, ça se fait : Shelton Benjamin gagne son deuxième titre Intercontinental face à Ric Flair, grâce à une simulation cardiaque de la Mama. Ainsi, Shelty B devient heel et commence à conserver son titre de manière pas forcément glorieuse face à Flair. S’ensuit le traditionnel Money In The Bank. C’est RVD qui gagne et une feud s’enclenche entre eux. L’ancien de l’ECW remet en jeu son MITB et Benjamin son titre. RVD emporte le tout, mais se fait très rapidement avoir par l’ancien champion qui profite d’un match handicap pour récupérer son dû. Cependant, il reperd son titre face au nouveau venu, Johny Nitro. Le reste de l’année est ponctué de rematch face à ce dernier et d’une nouvelle feud avec Carlito, qui avait également participé au match où Shelty B a perdu son titre. Rien de bien important a signalé sinon.

L’année 2007 signe la déchéance. Il refait un run avec son compagnon, Charlie Haas, dans la division tag, sans jamais récupérer les titres. Il lutte aussi de temps à autre en solo, mais surtout pour mettre en valeur de nouvelles recrues. Ca ne l’empêche de rester un mec qu’on peut facilement mettre over face à un main-eventer ou placer comme challenger sérieux pour un titre intermédiaire. Mais la fin de l’année s’annonce une nouvelle fois prometteuse avec l’ouverture d’une troisième brand, l’ECW.

Et cette année 2008 annonce la renaissance de Shelton Benjamin, qui poutre tout à l’ECW avec son nouveau personnage : The Gold Standard. Il commence à se refaire un sacré trou comme à ses débuts en 2004 : nouveau titre intermédiaire qu’il garde pendant près de deux cent jours –bien que cette fois-ci, la ceinture a fait plus objet de décoration qu’autre chose malgré une ou deux feud-, crédible face à des gars comme Triple H ou The Undertaker, se retrouve plusieurs fois dans la World Title Picture et a même le luxe de battre plusieurs fois Jeff Hardy, pourtant très over à l’époque. Bref, un véritable retour aux sources. A noté une feud avec R-Truth pour son titre et son retour au MITB pour lequel il n’avait pas participé l’année d’avant.

Mais l’année 2009 est de nouveau constituée de haut et de bas. Le bas est pour la première partie de l’année, où il perd son titre face à MVP dans une feud qui s’étend sur plusieurs mois. Beaucoup spéculaient sur cette perte comme pouvant être enfin le moment de gloire pour Shelton en décrochant le Money In The Bank à Wrestlemania, mais il n’en fut rien. De nouveau un court run en tag team avec Charlie Haas, quelques matchs solo qui nous montrent qu’il a toujours cette place maintes fois endossée de jobber de luxe. La deuxième partie de l’année est plus enrichissante, quand le Gold Standard retourne à l’ECW et fait de nouveau parler de lui avec quelques victoires à la clé. Il devient même contender au titre de Christian, mais il ne l’emporte pas.

L’année 2010 est marquée par quelques victoires ici et là, ainsi qu’une nouvelle participation au MITB. Après cela, il est viré fin du mois d’avril.

Conclusion ? Eh bien, Shelton a eu plus d’une occasion pour briller à Stramford, c’est clair et net. Ces match face à de grands noms tels que Triple, Undertaker ou encore Jeff Hardy, par moment ponctuées d’une victoire, nous le prouve clairement. Mais où est donc le problème, dans ce cas ? Malgré un move-set trop hasardeux et trop spoteux, la WWE l’a utilisé de la meilleure des manières en le plaçant comme un midcarder pouvant soit servir de jobber de luxe ou pouvant être très facilement vendu comme un gros morceau. On a plus d’une fois essayer de le mettre au top –en 2004 et en 2008, surtout- mais le manque de réaction assez flagrant, le fait qu’il n’avait pas le talent nécessaire pour être un orateur d’exception et surtout le fait que l’étiquette de spoteux lui a été assez vite collé au front sont les raisons pour lesquelles il n’a pas réussi. Non par manque d’opportunités, mais bel et bien car Shelton Benjamin n’est tout simplement pas fait pour être une top star à la WWE et peut « seulement » se contenter d’un statut de midcarder, voir upper-midcarder.

Ca n’empêche que j’apprécie le bonhomme et que son nouveau départ à la ROH est, ma foi, fort agréable. Son équipe avec Charlie Haas reste assez classique mais a donné malgré tout un petit vent de fraicheur à la ROH et surtout une team de renom pour la fédération de Silkin.