C'est un fait, les catcheurs aiment ledéguisement. Néanmoins, cet amour débridé du travestissement peutparfois poser des problèmes. Non pas à eux, habitués à déambuler enpublic dans des tenues aux couleurs éclatantes dignes de la célèbremire télévisuelle, mais aux spectateurs, parfois jeunes et plongés dansde jolies rêveries. Imaginez un petit peu la surprise d'une jeune mèrede famille vaquant tranquillement à ses occupations lorsqu'elle entendsoudainement un : "Maman ! Maman ! Pourquoi Robin il essaie d'enfoncerla tête de Batman dans le sol ?" Voilà, messieurs les catcheurs, voilàce que vos frasques peuvent faire à un esprit malléable. Maisbizarrement, le cadre du jeu vidéo enlève cette remarque de la bouchede l'enfant. Allez savoir pourquoi ? Peut-être parce qu'il n'a pas ledroit d'y jouer en fait...Passablement violent et à l'occasion sanguinolent, le titre de THQ
n'est en effet pas à mettre entre toutes les mains, surtout celles
tenant encore des Bisounours amoureusement. Néanmoins, les grands, ceux
qui mangent des "Mon Chéri" sans pleurer, découvriront, à la vision de
la fureur communicative de WWE Smackdown! Vs Raw 2006 un terrain
d'expérimentation de leurs envies de divertissement refoulées. Ode aux
contacts virils et brutaux, ce titre de catch fait suite à une longue
lignée de softs reconnus pour
leurs qualités sous-jacentes, n'apparaissant qu'au bout de plusieurs
heures passées à découvrir les subtilités habilement versées dans un gameplay
relativement basique vu de l'extérieur. Nous voici donc face à un
mastodonte piétinant le paysage vidéoludique qui ne dévoile son coeur
qu'à force de longues tractations, avec une récompense au bout.
Toutefois, l'idée d'un fond éminemment intéressant commence à effleurer
notre esprit dès la vision de la pléthore de modes de jeu disponibles.
Que ce soit dans la catégorie Exhibition ou "Games Modes", votre
curiosité trouvera sûrement de quoi longtemps se repaître. La seconde
abrite en fait la pierre angulaire du soft,
à savoir la possibilité d'effectuer une carrière sous deux formes
différentes, d'une part dans la peau d'un catcheur et d'autre part dans
les vêtements serrés d'un manager. Bien évidemment votre destin
d'athlète sera bien plus éreintant et surtout beaucoup plus axé sur
l'entraînement, tout en étant nettement moins cérébral. Effectivement,
votre rôle de dirigeant sportif vous confrontera à la gestion du compte
général de votre "entreprise", tentant, si faire se peut, de finir le
mois avec un bilan économique positif. Pour se faire, il vous incombera
de laisser parler votre porte-monnaie, ne signant tout d'abord que
quelques contrats peu coûteux pour pouvoir assurer votre survie et
parvenir à amasser de l'argent pour l'année suivante, où vous pourrez
enfin briller. Une idée sympathique qui relance nettement l'histoire
classique et assez décousue évoquée ci-dessus.
Vos projections les plus violentes sont esthétisées de manière à en renforcer l'impactLe
mode Exhibition quant à lui, contient en son sein les épreuves
"secondaires", seulement présentes dans le but de proposer un fun
immédiat et non soumis à la longueur d'une carrière professionnelle.
Vous pourrez de ce fait vous jeter corps et âme dans des joutes à un
contre un, dans des combats à trois ou quatre dans lesquels chacun des
compétiteurs agit pour son propre chef, dans des affrontements à un
contre deux, ou encore à un Royal Rumble qui mettra vos nerfs à rude
épreuve, vous obligeant à vous en prendre à une horde de stars du
milieu. Tout cela sans oublier les Main Events, qui s'avèrent des
sortes de défis variant suivant le lieu choisi, ou encore le Title
Match, vous donnant accès au championnat officiel sous licence WWE. Un
panel quasiment exhaustif, sachant que chacun de ces modes variés et
plus ou moins dignes d'intérêt, comporte une sous catégorie avec trois
ou quatre choix supplémentaires. Le simple fait d'essayer l'ensemble
présenté ici prend déjà plus d'une heure. Et ceci sans compter avec la
disponibilité d'un éditeur relativement puissant, permettant de créer
son personnage, son championnat, sa vidéo d'entrée sur le ring, et bien
d'autres choses encore. Il est extrêmement rare de se trouver devant
une telle densité, et on ne peut que louer Yuke's Co de se tourner
véritablement vers le joueur et de se forcer à mettre en avant une
profondeur notable avant des éclats et des lumières trompeuses.
Néanmoins, ce n'est pas pour autant qu'il déçoit sur la forme.
"Je n'essaierai plus de jeter tonton Killy par-dessus les cordes !" Répète !Réalisé
avec grand soin, WWE Smackdown! Vs Raw 2006 place clairement la volonté
de réalisme au centre de ses préoccupations, donnant à voir des
combattants très finement modélisés, arborant une texture de peau
étonnante pour une PS2 vieillissante et une animation fluide tout en
étant précisément retranscrite. De fait, et même si les décors restent
fortement en retrait face à cette invasion de modèles humains je le
redis très réussis, le soft de THQ
demeure l'un des plus probants sur ce sujet précis. De même, les effets
graphiques lors des prises spectaculaires ou encore les mouvements de
caméra fort bien choisis apportent énormément au dynamisme général du
jeu et en font une sorte de festival ludique du coup de la corde à
linge et de la prise du sommeil. L'immersion devient rapidement totale
et on ne peut s'extirper de la folie rageuse des affrontements que par
le biais d'un arbitre présent sans être envahissant, et tentant, tant
bien que mal, d'échapper aux coups fleurissant tout autour de lui.
Malheureusement, et même avec cet amas de qualités profondes, WWE
Smackdown! Vs Raw 2006 souffre d'un gameplay,
qui sans être handicapant comporte des lacunes présentes depuis bien
trop longtemps pour être excusables. Pourtant, les premières minutes de
jeu semblent laisser augurer du meilleur. Vous enchaînerez les contres
instinctivement via un système très bien pensé, tout en variant vos
projections et vos techniques de combat dans un renouvellement certain.
Illuminé par ces possibilités vous continuerez, profitant d'un concept
fort agréable de "libération" vous permettant de retourner une
situation à votre désavantage facilement, si tant est que vous
disposiez du bon timing et d'une carrure suffisante pour soulever votre
opposant en un seul mouvement. Le plaisir pris est donc loin d'être
simulé, si bien que l'on se surprend à refaire deux fois le même match
juste par affection.
Vous pouvez même fabriquer vos propres entrées en scène et vous trouver un nom ridicule. Aucune ombre ne semblait donc se profiler à l'horizon, mais c'était oublier un
peu vite les défauts d'une I.A réagissant étrangement et d'un système
de remise sur pieds insupportable. Roué de coups par votre opposant, et
si par grand malheur il ne vous reste que peu d'endurance au moment de
votre chute, vous devrez subir quelques heurts bien sentis avant
d'espérer vous relever. Un certaine frustration se dégage alors de ces
phases de massacre sans possibilité de réponse directe, cantonné à
encaisser sans aucune prise sur le déroulement de votre passage à
tabac. Une impression sincèrement désagréable, qui vous donnera plus
d'une fois l'envie de lancer votre PS2 sur le mur le plus proche, ce
que je vous déconseille pour votre bien et celui de vos voisins. Pour
finir, on note encore et toujours les bugs
de collision habituels de la série et de ses dérivés, vous empêchant
par exemple de saisir un catcheur déjà porté par l'un des intervenants
présents sur le ring. De même, on regrettera beaucoup l'absence d'un
mode tutorial qui aurait
grandement sa place dans le titre tant certains combats sont éprouvants
techniquement parlant. Au final donc, WWE Smackdown! Vs Raw 2006 est un
titre de bonne qualité, peut-être pas le meilleur du genre, mais un
ambassadeur de choix pour un genre boudé par le public européen.
Undertaker vaincra.
Killy , le 22 novembre 2005
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